Chronique Radio : la pédagogie sociale (08/01/13)

La chronique radio "lectures d’école" du mardi 8 janvier 2013 par G. Chambat.

La pédagogie sociale, une pédagogie pour tous les éducateurs, Laurent Ott, Chronique sociale, 2011, 101 p.

Des lieux pour habiter le monde, pratiques en pédagogie sociale, Laurent Ott, Nicolas Murcier, Mélody Dababi, Chronique sociale, 2012, 128 p.

"Chantiers de pédagogie sociale", N’Autre école n°33, hiver 2013

C’est de pédagogie sociale dont je voudrais vous parler ce soir en profitant de trois publications récentes qui explorent, chacune à leur manière, ce concept.

Les deux premiers ouvrages, Pédagogie sociale, une pédagogie pour tous les éducateurs signé laurent ott et du recueil de textes collectifs Des lieux pour habiter le monde, tous deux aux éditions Chronique sociale, sont complétés par la sortie du numéro 33 de la revue N’Autre école, également consacrée à cette notion.

Armés de ces trois publications, l’auditeur lecteur dispose d’une vision d’ensemble de ces pratiques, inspirées des travaux de la pédagogue polonaise Helena Radlinska dans les années 1910.

C’est en effet dans l’effervescence révolutionnaire de la Pologne du début du XXe siècle, que cette dernière a posé les bases de la pédagogie sociale qu’elle définit comme une éducation dans, à travers et pour le milieu. Derrière cette formule, se dessine l’idée que toute pratique pédagogique doit s’ancrer dans son environnement social et s’appuyer sur ceux qui y vivent pour le transformer. Il s’agit, dans le même temps, d’œuvrer à une émancipation collective et au développement créatif de l’individu.

Fort de ce principe selon lequel on ne change pas le monde sans le connaître et on ne le connaît pas sans le transformer, la notion de pédagogie sociale a traversé les frontières et les années pour arriver jusqu’à nous à travers des figures comme celle de Freinet (qui emploie la notion de pédagogie sociale), Freire, Korzack ou de la pédagogie institutionnelle...

Aujourd’hui, on peut croiser ces expériences, telles qu’elles sont rapportées dans les récits de pratiques publiés dans Des lieux pour habiter le monde, dans les activités des GPAS de Bretagne ou dans les ateliers de rue de l’association Robinson-Intermèdes dans la banlieue parisienne.

Ce qui relie ces dispositifs, souvent en marge de l’institution, mais pas seulement, c’est de contribuer à l’émergence de nouvelles postures d’apprentissage. Quand la pédagogie traditionnelle cantonne l’élève au simple rôle de spectateur de sa formation, quand les pédagogies dites nouvelles souhaitent en faire un acteur, la pédagogie sociale ambitionne de la transformer en auteur de ses apprentissages. Il s’agit donc de passer d’une démarche de réception / consommation des savoirs à une démarche de production et l’on devine toute la place que l’art peut alors prendre dans cette pédagogie sociale.

Pour reprendre la formule du pédagogue brésilien Paulo Freire, on ne s’éduque pas tout seul, on n’éduque pas autrui, on s’éduque à travers les autres et le monde.
On comprend comment le terme social, dans sa dimension collective mais aussi son ancrage au milieu vient appuyer ce projet pédagogique émancipateur. Il ne doit cependant pas nous faire oublier le rapport qui l’unit à nos luttes dans et hors de l’institution scolaire.
La pédagogie sociale est aussi une pédagogie engagée, à l’image de celle que la revue N’Autre école, alliant pratiques pédagogiques et luttes syndicales essaye de promouvoir au fil des numéros. Dans sa dernière livraison, « Chantiers de pédagogie sociale » elle explore justement ses interactions avec nos combats collectifs.

Impossible en trois minutes de faire le tour de ce chantier, il vous reste donc à aller butiner dans ces productions et à vous retrousser les manches !

Voilà, vous pouvez retrouver sur le site de la revue N’Autre école, à la rubrique audio et vidéo toutes les références des ouvrages présentés ainsi que l’intégralité de cette émission des syndicats CNT éducation.

Quant à nous, on se retrouve le mois prochain pour d’autres lectures...

C’est au moment où j’enregistrais cette chronique que j’ai appris la disparition de notre amie Maryvonne avec qui j’ai eu la chance de travailler au sein du comité de rédaction de N’Autre école. Je tiens à lui dédier ces quelques propos sur la pédagogie sociale, elle qui sut, contre vents et marées lutter à la fois pour une autre éducation et une autre société. Salut à toi !