La vitamine P : La poésie, pourquoi, pour qui, comment ?, Jean-Pierre Siméon

« La pédagogie traditionnelle [...] fondée principalement sur les exercices de la récitation et de
l’explication de texte, [...] détourne d’une relation libre au poème et l’inscrit dans le champ d’un
savoir évaluable [qui] contribue fortement à mes yeux à en faire un objet d’étude complexe
dépourvu de ses enjeux existentiels […]. » L’auteur s’adresse bien sûr aux enseignants mais aussi à
tous les passeurs : bibliothécaires, parents, .... Pour J-P Siméon, longtemps enseignant en IUFM,
poète et directeur du « Printemps des poètes », la poésie repose sur le geste éthique (une manière
d’être au monde) et sur le geste esthétique (une transgression de la langue).

L’enjeu pédagogique est
de refonder le goût d’apprendre : « rendre familier aux enfants ce mode particulier d’expression du
monde, de la pensée, des rapports de soi au monde. Et ainsi d’apprendre de façon heureuse le
questionnement et à reformuler sans cesse ce questionnement. » Il questionne aussi la question de
l’évaluation : « il est impensable de noter » la subjectivité et l’émotion. L’auteur veut mettre le
poème au coeur de l’éducation : il est essentiel de proposer « des activités multiples et coexistantes
autour de la lecture, de l’oralisation et de l’écriture […] en alliant appropriation individuelle et
partage collectif. [...] Les activités pourraient se développer autour de trois axes : la familiarisation
avec le fait poétique (lire des poèmes divers et variés) ; le travail sur la mise en voix du poème ; le
travail sur l’écriture. » De nombreuses propositions sont données (récitation, gestuelle, voix,
mémoire, rapport au public, etc.) de la maternelle à fin de l’élémentaire. L’enseignant de collège doit
aussi s’emparer de ce livre agréable à lire et sans jargon et des pistes pédagogiques proposées en les
adaptant au contexte.

La vitamine P : La poésie, pourquoi, pour qui, comment ?, Jean-Pierre Siméon, Rue du monde
(Contre-allée), 2012, 224 p., 20,20 €.