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Les devoirs à la maison, mobilisation et désorientation des familles populaires, Séverine Kakpo

samedi 5 janvier 2013, par Greg

C’est à un sempiternel débat que contribue ce livre. En effet, bien que plusieurs circulaires interdisent depuis plusieurs décennies les devoirs écrits en primaire, ceux-ci sont toujours largement pratiqués et alors que le gouvernement annonce leur remise en cause, l’analyse sociologique que propose ce livre ouvre diverses pistes.

L’auteure s’est intéressée aux pratiques d’accompagnement scolaires en milieux populaires. Elle a sélectionné des familles issues de communes de l’ancienne "banlieue rouge" parisienne dont elle a recueilli les témoignages et parfois partagé le quotidien afin d’analyser le temps des devoirs mais aussi le travail extra-scolaire que peuvent mettre en place ces familles. A noter que dans les familles retenues, il n’y a pas de famille mono-parentale et qu’à chaque fois au moins un parent occupe un emploi.

Loin des clichés d’adultes démissionnaires souvent décrits dans les médias, l’étude constate que ces parents sont investis dans l’éducation de leurs enfants et que s’ils ne maîtrisent pas toutes les règles du système scolaire ou qu’ils n’ont pas atteint eux-mêmes un niveau d’étude important, ils font le maximum pour que leurs enfants "réussissent leur scolarité". Pourtant, à travers les témoignages, on voit comment le moment des devoirs peut être générateur de tensions. D’ailleurs l’auteure témoigne que dans une famille où la mère est partagée entre la cuisine, les devoirs et le bain du plus petit, elle manque de laisser noyer ce dernier !

Toutefois ces parents sont attachés au "travail" scolaire ainsi qu’aux devoirs qui leur apparaissent indispensables. C’est d’ailleurs un des intérêts du livre : les devoirs sont vécus par ces parents comme nécessaires et légitimes. Certains en réclament s’ils jugent qu’il n’y en n’a pas assez, d’autres ajoutent du travail, voire vont jusqu’à développer des stratégies d’évitement d’établissement et inscrivent leurs enfants dans le privé.

Bref, ce livre ouvre de nombreuses pistes de réflexion et même s’il fait ressortir les devoirs comme un mal nécessaire accepté par les parents, il démontre aussi comment à travers la position parentale, ils peuvent être générateurs de discriminations entre les familles les ayant accepté et les autres...

Les devoirs à la maison, mobilisation et désorientation des familles populaires Séverine Kakpo, Presses Universitaires de France (Education et société), 2012, 212 p., 21 €.