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Repères : l’école en Finlande

mardi 31 mai 2011, par Greg

■ OVNI – Le système éducatif finlandais fait figure d’ovni dans le paysage scolaire européen et semble aux antipodes des valeurs prônées par nos bons vieux politiciens bleus-blancs-rouges : n’y cherchez pas de grillages protégeant les établissements, de système de notations classant les élèves ou de débats larmoyants sur l’exclusion, la violence ou l’échec scolaire !

■ ÉCOLE DU PASSÉ – La Finlande a fait, voilà plus de trente ans, d’au­tres choix en matière d’éducation en assurant une transition spectaculaire entre deux types d’écoles fondamentalement différentes. Alors que la première, profondément élitiste, proposait une orientation précoce (dès onze ans !) entre filière professionnelle et générale, la seconde, unique et totalement gratuite, est aujourd’hui reconnue comme l’une des plus égalitaires du monde en terme d’accès et de destin [1].

■ GRATUITÉ – Le modèle finlandais n’est certes pas idyllique mais certaines de ses caractéristiques ne peuvent que nous interpeller. Rappelons tout d’abord que la scolarité y est obligatoire de 7 à 16 ans [2] Cette prise en charge est complètement gratuite puisque les familles ne paient ni les fournitures scolaires, ni la cantine, ni le transport.

■ NOTATION – De plus, les notes chiffrées sont inconnues des élèves avant 13 ans et occupent par la suite un rôle mineur dans leur vie scolaire car elles visent simplement à adapter le rythme des apprentissages aux difficultés rencontrées (pas de bulletin de note ou de redoublement) ; des professeurs spécialisés aident, dans la classe ou isolément, ceux qui butent sur un obstacle dans une discipline. Enfin, les rythmes scolaires y sont plus légers qu’en France et la charge du travail à la maison moins importante.

■ BUDGET – Notons tout de même que le budget consacré à l’éducation y est proportionnellement identique à celui de la France (il oscille depuis vingt ans entre 6 et 7 % du PIB !)

■ MODÈLE – Paradoxalement, la Finlande et son école suscitent l’intérêt des « réformateurs » de tous bords : nos ministres, en bons gestionnaires capitalistes, ne tarissent pas d’éloge sur la compétitivité de ce pays qui obtient les meilleurs taux de réussite de l’OCDE en mathématiques, sciences et lecture (selon les classements PISA de 2003 et 2006) et qui assure une très bonne insertion des jeunes dans le monde professionnel. À l’opposé, ceux qui se soucient du bien-être de l’enfant dans une société libre, égalitaire et autogérée (nous, peut-être !) seront plus sensibles à cette pédagogie qui accorde à l’élève un statut d’individu unique et responsable, et qui utilise efficacement l’attrait du savoir comme moteur de l’apprentissage. Qui ne rêve pas d’une école dégagée de tout stress, de tout moralisme et de toute pression sociale ?

■ RÉELLE – La Finlande n’est pas le pays de Cocagne et il est vrai que tout Français (ou personne ayant été scolarisée en France) tentant la comparaison entre les deux systèmes éducatifs aura tendance à gommer les défauts de l’école finlandaise tant ses innovations lui sembleront spectaculaires. Néanmoins son exemple a le mérite de nourrir notre réflexion pédagogique en proposant une étude de cas concrète et permet de démontrer aux collègues les plus sceptiques, qu’en attendant une Autre École, d’autres expériences existent déjà.

(Arnaud, CNT STE 92)


[11 Le niveau socio-économique des familles a moins d’influence dans le parcours scolaire finlandais que dans d’autres pays. Cf. enquêtes PISA…

[22 Avant 7 ans, 90 % des enfants fréquentent les jardins d’enfants (1 à 6 ans) ou les classes préparatoires (6-7 ans). Cette éducation périscolaire n’est pas obligatoire, elle vise à socialiser l’enfant et à le préparer à l’école en passant par le jeu., durant cette période les élèves sont pris en charge dans une unique école locale (l’école fondamentale ou peruskoulu).