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Bilan d’une année en CLA
mardi 1er octobre 2013, par
23 élèves – un effectif qui dépasse très largement les recommandations officielles pour les classes d’accueil d’élèves non-francophones – 10 filles et 13 garçons, quasiment la parité. Ce sureffectif et la personnalité de certains élèves conduisent très vite à des tensions au sein du groupe et en particulier à une animosité grandissante entre les garçons et les filles (animosité réciproque). Le signe le plus visible est le positionnement des uns et des autres dans l’espace. Une disposition en U des tables : à droite, les filles, à gauche, les garçons, au milieu, quand l’effectif le permet, un no man’s land… Pour peu que l’un ou l’une d’entre eux arrive en retard et ne trouve pas de place ailleurs qu’à côté de « l’autre sexe », c’est le drame. Être obligé, malgré tout, de s’asseoir « là » est alors vécu quasiment comme une punition.
D’abord, je signale, avec humour, cette curieuse répartition et fais part de mon étonnement… Rien n’y change. J’embraye alors sur un échange à propos de la mixité scolaire dans leur pays d’origine et sur l’histoire de l’éducation des filles et des garçons en France, insistant sur l’émancipation qu’a constituée la mise en place de la mixité. Chacune et chacun acquiesce, défend même cette mixité, aucun ne souhaite aller dans un établissement où les deux sexes seraient séparés… J’impose alors, de manière arbitraire – et autoritaire ! – une alternance dans la classe entre filles et garçons. La bataille s’engage, à chaque début d’heure et n’arrange rien. Au contraire, les propos se font plus agressifs encore…
Malgré mes questions, personne ne réagit ou ne s’explique. J’abandonne ce dirigisme, convaincu qu’il ne répond pas au problème posé. L’idée de travailler spécifiquement cette question me taraude mais, faute de temps, faute d’outils à ma portée et à celle des élèves, faute d’énergie aussi pour les fabriquer ou partir à leur quête, je me contente de petites remarques, de réflexions en passant, d’interrogations toujours sans réponses…
S’agit-il d’une question « culturelle » ? Alors pourquoi cette année et pas les autres ? Un problème lié à l’âge (en CLA les élèves de la 6e à la 3e sont regroupés ensemble) ? Une question de « caractère » avec la présence de très fortes personnalités ?
Je poursuis ma réflexion, motivé pour lancer un travail sur ce sujet mais persuadé qu’il faut commencer par essayer de saisir ce qui s’est joué précisément cette année-là. □
Grégory Chambat