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Édito n° 29 : " Compétences ? résister !"
mardi 19 juillet 2011, par
C’est dans la dynamique du stage de formation syndicale des 2 et 3 décembre 2010, organisé à Paris à l’initiative conjointe d’Émancipation Tendance intersyndicale et du collectif Anti-Hiérarchie (CAH), « Évaluations, compétences… quels enjeux ? » qu’est née la proposition, d’un numéro spécial publié et réalisé en commun consacré à la mise en place imposée par l’institution de formes d’évaluation liées à la notion de compétences.
Cette publication rassemble des contributions qui prolongent les débats, à travers le croisement d’analyses, d’entretiens, de témoignages, de comptes rendus d’expériences et de pratiques.
L’ambition de ce numéro est de démêler les fils d’un débat complexe et passionné, où interfèrent les critiques développées depuis longtemps à l’encontre du système éducatif et le détournement d’aspirations pédagogiques par le pouvoir politique.
En effet les évaluations nationales et le « livret personnel de compétences » (LPC), liés à la mise en place du socle commun, bouleversent les usages, ancrés de longue date, de la note chiffrée, du classement, de la compétition à l’école. Mais le contexte de suppression des postes, de casse du service public et des statuts, ainsi que le contenu même, posent question. Rien à voir avec des enseignantEs qui décident, dans le cadre de leur liberté pédagogique, de se construire des grilles de lecture formulées en termes d’objectifs ou de compétences pour une meilleure analyse de leur pratique de classe. Que des objectifs soient explicités aux enfants et aux jeunes, voire débattus, puis évalués et validés sous des formes intimement liées à une pratique pédagogique, ce n’est pas cela qui fait problème.
L’enjeu des contre-réformes actuelles n’est pas le renouvellement des pratiques pédagogiques. Il s’agit bien, pour le pouvoir en place au service du capital, de soumettre le système éducatif aux exigences actuelles du marché du travail, de casser le système de qualifications et droits collectifs protégeant les salariéEs, de développer de nouveaux marchés, comme celui de la « formation tout au long de la vie », et d’organiser le fichage généralisé de la population, dès l’école maternelle.
Nous en voulons pour preuve les formes mêmes des évaluations et validations imposées, l’autoritarisme et la répression, sans précédent depuis des décennies, à l’encontre de celles et ceux qui résistent.
Dans l’éparpillement actuel des forces syndicales et pédagogiques, ce numéro spécial marque un événement rare et concrétise une volonté que nous croyons partagée, de faire converger les énergies, dans le respect des engagements et des choix de chacunE, pour dynamiser les luttes. ♦
(L’Émancipation syndicale et pédagogique / N’Autre école Mai 2011)