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Éloge de l’éducation lente, Joan Domènech Francesch

mercredi 19 octobre 2011, par Greg

Éducation lente

La citation de Bachelard proposée par Charles Pepinster « Tout apprentissage solide se nourrit de lenteur » résume bien la philosophie du livre. Il faudrait peut être employer l’adjectif solide en lui accolant celui d’enrichissant et ne pas oublier les instants « euréka ».
Le rapport au temps domine la praxis de Joan Domènech au sens d’une pratique toujours en dialogue, on peut même dire en dialyse, avec la théorie. Professeur d’école, chercheur, formateur, directeur d’une école publique de Barcelone, il s’efforce d’appliquer au quotidien ses idées et de trouver « le temps juste », celui adapté à la fois à chacun et à chaque activité et est attentif aux « moments pédagogiques ». « Aguardar » est le mot espagnol qui rend compte de cette posture d’enseignant.
Annelise Oriot et Jean-Pierre Lepri proposent 15 principes de l’éducation lente. Chacun de ces principes est suivi d’une piste de réflexion de structure simple, bon support d’ateliers d’apprenants. Par exemple le principe 5 « le temps éducatif est global et inter-relié » fait l’objet d’une présentation de 2 pages qui peuvent être enrichies par une réflexion collective inspirée de la piste proposée sur un apprentissage expérimenté par ledit collectif.

Ce livre trouve ainsi sa place dans toute structure soucieuse d’apprentissages et de vie collective.
Joan Domenech suggère de réfléchir aux antiques figures du temps que sont Chronos et Kaïros et de suivre les chemins que les hommes ont empruntés pour saisir cet insaisissable personnage protéiforme qu’est le Temps ; c’est une aventure d’apprentissage passionnante à tout âge.

Un petit bémol sur les 50 propositions pour ralentir : une utilisation discutable du mot « compétences » et d’autre part , si je partage absolument l’idée de la nécessité d’augmenter « le nombre d’heures qui touchent à l’artistique » et de la possibilité de réduire le nombre d’heures de français et de maths, je ne peux entendre celle de « ne redonner au français et aux maths que leur rôle instrumental » sans frémir en pensant aux dérives que ce langage peut entraîner.

Maryvonne Menez


Éloge de l’éducation lente, Joan Domènech Francesch
traduction et adaptation Annelise Oriot et Jean-Pierre Lepri
Chronique sociale et revue Silence, sept 2011, 126 p. 13,50 €.