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La leçon des donneurs de leçons...
vendredi 8 juin 2012, par
La pensée comme le parcours de Jacques Rancière nourrissent nos réflexions et nos luttes (voir l’entretien qu’il avait accordé à la revue dans le n° 19 et l’article « Jacques Rancière : l’école ou la démocratie ? », n° 26). Les éditions La Fabrique remettent aujourd’hui à notre disposition un texte qui date d’une quarantaine d’années. Rancière y prend ses distances avec Althusser, l’archétype de l’intellectuel marxiste, mais, plus généralement, fait un sort à tous ceux qui prétendent parler de l’exploitation et qui finalement ne font que conforter le monde tel qu’il est… et tel qu’il leur convient. Comment passe-t-on de la subversion à la défense de l’ordre établi ? Pour Rancière, ce retournement repose sur un présupposé simple : si les dominés sont dominés, c’est qu’ils ignorent les lois de la domination. Ce serait alors aux « savants » et aux intellectuels d’éduquer les masses et de parler en leur propre nom.
Face à cette résignation, Rancière part du présupposé inverse, celui de l’égalité des intelligences qui fonde seule la puissance de la pensée et la dynamique de l’émancipation.
Au-delà donc de la leçon « donnée » à Althusser et à ses collègues, Rancière empruntait alors une autre voie révolutionnaire, en rupture avec le socialisme autoritaire dit scientifique, une voie qui le mènera à questionner l’éducation (Le Maître ignorant) et la posture intellectuelle (Le philosophe et ses pauvres) ■
La Leçon d’Althusser, Jacques Rancière, La Fabrique, 2012, 270 p., 14 €.