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Moi René Tardi prisonnier de guerre au Stalag IIB, Tardi (BD)

jeudi 28 février 2013, par Franck

Dans la lignée graphique de ces ouvrages sur la guerre de 14-18, voici encore un chef-d’œuvre à la fois intime et historique de Tardi. Il y raconte les années de camp de prisonnier de guerre en Allemagne de son père tankiste (!) en 1940-1945.
D’ailleurs, "On ne dit pas un tank, on dit un char" râle régulièrement Tardi père à son fils étrangement présent dans les cases et le récit. A la demande du dessinateur, son père avait raconté vingt ans auparavant sa vie dans trois cahiers d’écolier repris aujourd’hui par Tardi (fils) que l’on retrouve, en culotte courte et béret, tout au long de l’album : il dialogue avec son père et lui pose quelquefois des questions qui n’auront jamais de réponses...
Trois bandes par page, en noir, gris et blanc (et quelques touches de rouge sang aux premières pages) forment la trame immuable de tout l’album où évolue ce soldat aux prises avec la guerre puis l’emprisonnement, ses rassemblements interminables, la faim omniprésente, les amitiés, la vie monotone et triste, le travail, les brutalités, les colis, le tabac, le froid, les poux, les préparations d’évasion et la faim encore et toujours.
Sur le plan historique, on retrouve la précision de l’auteur et l’on revit avec son père le calvaire et le quotidien des camps des presque deux millions de "PG" français dont la plupart ne rentrèrent qu’après la défaite nazie. Sur le plan intime, ce premier volet nous fait rentrer dans l’histoire familiale de Jacques Tardi avec ses coup de gueule et une atmosphère de conflit latent entre le fils et ce père "meurtri, aigri, coléreux, honteux" (Tardi). On attend donc avec impatience le deuxième volet de ce récit. FS

Moi René Tardi prisonnier de guerre au StalagIIB, [Jacques] Tardi, Dominique Grange (préface), Casterman, 2012, 188 p., 25 €.