Accueil > La revue > Nouveautés lecture > Sur l’école... > Réussir ses premiers cours, Jean-Michel Zakartchouk

Réussir ses premiers cours, Jean-Michel Zakartchouk

lundi 29 août 2011, par Greg

Malgré un titre fautif (il manque « au collège » !), nous sommes en présence d’un ouvrage excellent et discutable.

Excellent : le « parler-vrai » de quelqu’un qui connaît, qui vit et qui réfléchit. Il est des regards de spécialistes qui apportent beaucoup parce qu’ils ouvrent des pistes de réflexion, mais qui sont si loin des responsabilités du quotidien que même leur bienveillance est agaçante : ce n’est pas le cas ici. A l’inverse, les « cris du coeur », même quand ce ne sont pas des jérémiades réactionnaires, agacent aussi : les étalages d’egos n’apportent finalement pas grand-chose, et on se dit que c’est dommage, ces profs qui n’ouvrent jamais un ouvrage de sciences humaines... Ici, la mesure est parfaitement tenue entre l’expérience, dans ce qu’elle a de plus concret, et l’arrière-plan d’une pensée pédagogique très informée, jamais pédante, efficace.
Excellente aussi cette façon fraternelle et habile de s’adresser aux collègues débutants, de façon affirmée mais non prescriptive, en prenant en compte leurs représentations, et, j’ai l’impression, en ayant bien conscience des peurs terribles qui les assaillent. Un modèle de pédagogie en direction des profs de collège, à mille lieux des ordonnances gouvernementales (comment tenir sa classe en trois recettes et deux lieux communs) et des évitements syndicaux (car bien sûr il faut maintenir les postes mais demain, qu’est-ce que je fais ?).
La structure de l’ouvrage : une série de chapitres qui couvrent presque toutes les grandes questions que l’on peut se poser, chacun des chapitres étant structuré en trois parties : « les pratiques les plus courantes », « des pratiques plus efficaces », « les pratiques dans leur contexte. De nombreux encarts, commentaires ou ajouts, du Café pédagogique.

Le contenu est marqué par les choix de l’auteur, un des animateurs des Cahiers pédagogiques. Certains domaines restent ouverts (celui du travail à la maison, jugé utile par l’auteur mais un encart signale l’avis plus mitigé des chercheurs), d’autres plus engagés, comme le chapitre sur l’évaluation. Les lecteurs de N’Autre école n’apprécieront pas tous le chapitre sur le syndicalisme, parce qu’il oublie certains syndicats ; ils risquent de trouver un peu léger celui sur les valeurs, qui sonne juste quand il évoque la subtile relation entre neutralité et engagement, mais qui laisse la valeur « égalité » de côté, que ce soit dans le débat en classe, dans l’appréciation des contenus scolaires, ou dans l’engagement concret de l’enseignant quand ses élèves sont impliqués.

Il faut accepter de ne pas être d’accord sur tout : satisfaisons-nous, et grandement, de ce qu’un livre utilisable directement par les enseignants de collège contienne tant d’informations à chaque fois problématisées et mises en situation.

Au total, pour reprendre l’expression de Philippe Meirieu dans sa préface, une boîte à outils dont on peut dire qu’elle sera très utile à tous les enseignants de collège, et pas seulement aux débutants.

Jean-Michel Zakartchouk, Réussir ses premiers cours, ESF- Le Café pédagogique, 14 €.