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Téléchargez le numéro double 8-9 : "Solidarité(s) contre précarité(s)"

mercredi 7 février 1996

N’autre école n°8-9

Édito


AUJOURD’HUI, LES AGENCES DE TRAVAIL INTÉRIMAIRE ne sont plus la cible de critiques les désignant comme frisant l’illégalité parce qu’elles font commerce du travail d’autrui. La rareté bien orchestrée du travail et le « traitement social » du chômage de plus en plus sévère
ont réduit à presque rien le nombre de ceux qui utilisaient CDD et autres moyens pour travailler à loisir (si l’on nous permet l’oxymore). Désormais, la précarité est presque toujours toujours infligée, infligée donc subie.
La baisse du coût du travail organisée depuis de nombreuses années par le Medef (et d’autres) est normalisée. Dans le privé, le chômage des jeunes et des vieux s’inscrit banalement dans la vie quotidienne de millions de demi-soldes. Dans le secteur public et plus
particulièrement dans la Fonction publique, le SMIC est devenu la référence pour nombre de boulots précaires et non-qualifiés. Désormais, il est normal et convenu de galérer : voir par exemple, les nouveaux Assistants d’éducation – qui remplacent « avantageusement » les pions – qui courent de la fac (à plein temps) à leur emploi en CDD
(souvent à mi-temps).
Alors que nous nous lancions dans l’élaboration de ce n°, une image s’est imposée à nous, celle de la spirale : spirale de la précarité qui nous tire inexorablement vers le bas, mais aussi spirale inverse des solidarités et des différents chemins qu’elles peuvent
emprunter. Le lecteur retrouvera donc, du moins nous l’espérons ! cette progression en spirale qui nous conduit d’un état des lieux aux complémentarités entre pratiques pédagogiques et nos autres engagements ; des exemples de luttes passées et actuelles
ouvrent sur la question de la culture liée à la précarité et à l’objectif de son éradication.
Ce nouveau numéro double, il fallait bien ça pour aborder cette question centrale de notre engagement syndical – entend tout à la fois être un outil de lutte (à travers des récits de mobilisations, une synthèse des droits des non titulaires...) et une invitation à
approfondir la réflexion en multipliant les éclairages, plus ou moins attendus, sur le développement de la précarité, avec en point de mire notre conviction que précarité et solidarité sont indissociables.
Enfin terminons en précisant que notre approche reste « facticement » centrée sur la précarité dans l’éducation – puisque telle est la raison d’être de cette revue – sans s’interdire, bien au contraire, des incursions hors de ce secteur. Invitons le lecteur à prendre cette résolution non pas comme une méconnaissance des enjeux interprofessionnels de
cette question mais plutôt comme une mise en perspective et une illustration du phénomène de la précarité dans l’ensemble de la société.
Colette K’Tif