Il faut désobéir ! Zep et Daeninckx

La littérature jeunesse a trouvé avec Rue du monde un éditeur qui s’engage et qui propose dans sa collection Histoire d’histoires des albums remarquables pour les enfants à partir de 8 ans et jusqu’au collège (36 p., 12,20 €). Ce sont de pures fictions ou des adaptations de récits sous la forme de contes avec de très belles illustrations pleines pages. L’histoire est ponctuée de petites vignettes documentaires - textes et photos - qui éclairent le jeune lecteur sans casser la lecture, mais en apportant l’indispensable contrepoint historique et iconographique.
Dans le dernier titre paru et inspiré d’une histoire vraie, Il faut désobéir de Daeninckx et Pef, le grand-père d’Alexandra lui parle pour la première fois de sa propre enfance : les nazis, l’étoile jaune, les rafles… et de ce policier qui, en juin 1942, a osé désobéir à Vichy pour lui sauver la vie ! J’ai lu ce petit texte plein d’émotion et de justesse à mes filles de 9 et 13 ans et cela a très bien fonctionné et nous a permis de discuter de l’occupation, de la collaboration, du fascisme et de la déportation…
Dans la même collection, je recommande pour les BCD et les CDI, L’esclave qui parlait aux oiseaux (Yves Pinguilly et Zaü) et Midi pile, l’Algérie (de Jean-Pierre Vittori et Jacques Ferrandez), ainsi que le très beau Zappe la guerre de Pef : quatre-vingts ans après la “der des der”, les 288 soldats du village de Rezé sortent du monument aux morts dans l’état où ils sont tombés (blessures, mutilation, sang). Ils veulent savoir à quoi tout cela a servi… La nuit, dans les rues du village, ils rencontrent la ville moderne, la télévision et ses images de guerre et un enfant… Les commentaires illustrent classiquement la guerre de tranchée et le travail des femmes mais nous rappellent aussi les batailles sanglantes, telle celle de la Somme avec ses 750 000 Alliés et 500 000 Allemands tombés pour avancer de 10 km et les condamnés à mort de 1917.

Il faut désobéir ! Daeninckx et Pef éd. Rue du Monde, 12,20 €.