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La philosophie dans le projet DECLIC

samedi 27 mars 2010, par Greg

Déclic (Développement expérimental de
collèges-lycées d’initiative citoyenne),
réduit actuellement à l’état d’association minimum, a réuni pendant
quelques années des parents et des
enseignants qui voulaient « changer l’école ». Dans le projet d’ouvrir des établissements offrant une alternative aux collèges-casernes-garderies-gares de triage…, nombreux sont ceux qui se sont
engagés dans la réflexion, telle celle de
la « commission philo », dont le travail,
mené de 1998 à 2002, a été présenté
au colloque intitulé « Quelles nouvelles
pratiques philosophiques dans l’école et
dans la cité ? Pour quels nouveaux
publics ? » (CRDP de Rennes, 22-23
mai 2002). En voici les principaux axes.
La posture philosophique
Le groupe s’est mis d’accord sur une
posture philosophique qu’exprime cette
citation de Henry Maldiney (Chimères
n°44, automne 2000) : « La philosophie
n’et pas une discipline à part. elle ne
vise pas l’établissement d’un système
de pensée. Elle est une attitude, un comportement à la fois interrogatif et, avant
tout, exclamatif. Le moment même de
l’exclamation, c’est l’étonnement ». Le
travail philosophique, comme
Wittgenstein l’explique, permet de redire
la même phrase après trois heures de
discussion : la phrase expliquée est
inchangée mais ceux qui y ont réfléchi
sont changés. Dans ce travail nous nous
revendiquons comme sujet au sens de
Ricoeur : « Ce qui dans le moi n’exclut
pas le pouvoir de renouvellement total ».

La réflexion philosophique de l’équipe enseignante

Toute pédagogie est solidaire d’une philosophie comportant une représentation
de l’être humain. L’équipe a à s’interroger sur la philosophie implicite ou explicite qu’elle met en œuvre (exemples de
points approfondis : l’autorité ; le sens ;
le sujet (distinct de la personne) ; la
place du corps et de l’inconscient dans
l’entrée dans le savoir.
La philosophie avec les élèves
Le groupe a rejeté des démarches
comme celle de Lipman au profit d’une
recherche des situations dans lesquelles
un élève peut s’exclamer : « je me suis
senti intelligent », comparables à celle
qui fit pousser son fameux cri à
Archimède, situations d’inventions ou
conclusions de l’inspecteur Bourrel
« Mais c’est bien sûr ». Si nous nous permettons cette référence, c’est que l’humour a sa place comme le raconte et le
conceptualise Arthur Koestler dans son
ouvrage Le Cri d’Archimède.
Pour le groupe doivent être prises en
compte non seulement l’histoire des disciplines et l’histoire des sciences mais
encore l’épistémologie.
S’impliquer dans une interrogation philosophique, dès la sixième, permet à l’élève :
– d’unifier les multiples démarches d’apprentissage dans un projet global ;
– de se comprendre lui-même et de
comprendre la place qu’il occupe dans
la communauté ;
– de chercher des clefs pour la compréhension du monde ;
– de rendre possible l’édification d’un
projet personnel pourvu de sens.