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Téléchargez le numéro 2 : "Éducation : faut-il défendre le service public ?"

samedi 6 janvier 1996

Le n°2 en PDF

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ÉDITO (extrait)

Faut-il défendre le service public d’éducation ? Voilà au moins une
question qui met tout le monde d’accord : de gauche à droite et de droite à gauche. Pas une de ces fameuses grèves de 24 heures dont notre secteur a le secret qui ne se légitime par l’indispensable “mobilisation-pour-sauver-l’école-publique”. Cela permet de faire prendre l’air aux ballons mais aussi aux bannières rouges et noires...
De là peut-être un certain malaise, on ne défile pas “sereinement” aux côtés de certains syndicalistes, ceux pour qui école de la République rime avec sélection, élitisme, compétition, conservatisme... Quant aux autres, le plus grand nombre, qui se mobilisent avec sincérité et
conviction, ne défendent-ils pas finalement un mirage ? Faut-il dresser les barricades pour un “fantasme” d’école publique égalitaire et émancipatrice ?

SOMMAIRE

- Édito

- Témoignage : “La vie est belle ! ” La précarité, très loin
des discours politiciens, des compromissions de certains syndicalistes,
c’est avant tout une expérience quotidienne, où se mêlent espoirs,
résignations, humiliations, colère, désespoirs... Et le service public
d’éducation, aujourd’hui, c’est avant tout cette précarité vêcue par de plus en plus d’hommes, de femmes et surtout de jeunes... Aussi, plutôt
que d’ouvrir ce dossier qui s’interroge sur le service public par une longue succession de chiffres et de statuts, nous avons tenu à laisser la parole à une précaire parmi des milliers d’autres, et commencer par un
coup de colère qui se passe de tout simplement de commentaire.
Par Sabrina

- Notre syndicalisme et le service public . Faut-il défendre le service public ? Tenter de répondre à cette interrogation, c’est se poser des questions sur la validité et la pertinence sociale du service public à la française et sur la capacité du syndicalisme de classe à le transformer. Derrière la problématique du service public, il y a aussi la question de l’État et de sa construction dans tous ses aspects : historiques, idéologiques et symboliques, économiques, sociaux et politiques. Par François Spinner

- Faut-il défendre la recherche publique ? Défendre la recherche
publique. A priori, l’idée est louable. Les crédits diminuent et des suppressions de postes sont envisagées. Cependant, de quelle
recherche et de quelle défense parlons nous ? La recherche
publique est-elle un service public, c’est à dire un ensemble de chercheurs et de salariés qui mènent des études pour ensuite en
faire profiter la population qui les finance, via l’argent public ?
Les défenseurs de cette recherche ne défendent- ils pas avant-tout
leur statut et leur pouvoir ?
Par Clément

- Derrière la laïcité Premier principe promulgué par la Commune de Paris, la laïcité fut le seul repris d’elle par la IIIe République. Institutionnalisé, ce principe induit d’une part une éducation laïque, c’est-à-dire gratuite et écartant le fait religieux comme participant de la
“culture et de la formation de la pensée” (ce qui est mis à mal par
l’introduction de l’étude de “l’histoire” des religions, comme s’il
s’agissait là d’une histoire spéciale, à part, à l’écart de l’histoire
stricto sensu : n’est-ce pas là reconstituer, à l’école, l’espace du
sacré ?).
Par Anne Vernet

- Marchandisation / privatisation de l’école Y a-t-il une politique
éducative européenne ? Voilà dix ans, la question aurait fait hésiter.
Aujourd’hui le doute n’est plus permis. Du Livre Blanc de 1995 au plan
d’action Apprendre dans la société de l’information, du Rapport Reiffers aux projets Leonardo et Socrates, ce sont bien des orientations
clairement tracées qui nous sont proposées : ouverture de l’École sur
l’entreprise, flexibilité du système éducatif, développement de
l’enseignement à distance, apprentissage tout au long de la vie, incitation à l’utilisation massive des technologies de l’information et des communications, mise en valeur des compétences au détriment des connaissances et formation à la "citoyenneté". Une telle cohérence dévoile par trop ses sources d’inspiration…
Par Nico Hirtt

- La privatisation de l’éducation : un mirage ? Langue de bois, rideau de fumée : depuis plusieurs années, dans l’enseignement,
"républicains" et "gauche de la gauche" sont unis autour d’un même mot d’ordre : lutter contre la privatisation, "fer de lance de la mondialisation
ultra-libérale". Difficile de s’y retrouver, car le thème, qui joue sur la
confusion et la peur, est puissant, comme chaque fois que ces ingrédients sont de la sauce. Comme les gens qui propagent
cette idée sont quelquefois nos partenaires, et que le thème a du succès, on ne peut pas se contenter de hausser les épaules.
N’empêche, nous ne voulons pas manger de ce plat-là.
Par Jean-Pierre Fournier

- De l’école libératrice à l’école libérale Le projet de
programme d’éducation civique cycle 2 et cycle 3 expose un certain
nombre de principes pédagogiques qui affirment la nécessité de donner à celle-ci un caractère réellement dynamique. La volonté de mettre en
relation, dans la vie de la classe les principes et les pratiques est
évidente et on devrait se réjouir de voir affirmer que, "les valeurs" comme le dit Philippe Meirieu, "ne se transmettent qu’à travers des pratiques et jamais à travers des discours."
Par Jean-François Vincent

- L’ICEM - pédagogie Freinet : un mouvement pédagogique dans l’école publique La question pédagogique ne pouvait que s’inviter
au débat sur le service public d’éducation. Savoir si l’école publique est
capable de proposer un enseignement émancipateur - ou du
moins si elle peut encore tolérer en son sein des pratiques qui s’en
rapprochent ; savoir si le mouvement social est assez fort pour
s’affranchir de la tutelle de l’État et proposer une véritable alternative éducative - dans et en dehors de l’Éducation nationale ; autant d’interrogations que ces deux contributions, s’appuyant sur deux expériences concrètes, entendent soulever chacune à leur manière.
Par Gérard Rigaldo

- Bonaventure : l’autogestion et la liberté pour de vrai ! Ce fut une belle aventure : beaucoup plus qu’une classe unique en milieu rural,
plus qu’une expérience éducative - hors Éducation nationale mais aux références laîque et égalitaire affirmées - une “république éducative
libertaire” dont on a, dès sa naissance en 1993, beaucoup parlé.
Le dynamisme de ses promoteurs et l’ouverture internationale
de Bonaventure (lien avec une école autogérée du Sénégal) ne sont
pas tout. Les acteurs de cette tentative aujourd’hui éteinte, ont écritun livre dont sont tirées les quelques lignes qui suivent.
Par Jean-Marc Raynaud

- Interview de Noam Chomsky : Les anarcho-syndicalistes et l’État :
Se protéger des fauves ou du dompteur ?
Linguiste de renommée
internationale et militant libertaire1 médiatique, Noam Chomsky s’est
intéressé aux rapports entre le mouvement syndical révolutionnaire et
l’État. Nous proposons ici la traduction d’un extrait de l’interview inédite en français qu’il avait accordée à nos camarades de l’Anarcho-Syndicalist
Review. Notre démarche ne s’inscrit pas dans l’actuelle “apologie” de
Chomsky, mais dans le souci de proposer une analyse contradictoire et
éclairante des débats qui traversent notre mouvement. Bien que
n’évoquant pas de façon directe la question de l’école, et plaçant son analyse au niveau de l’intervention étatique en général, ce point de vue
méritait une large place, tout comme les réactions que cet entretien a suscité et dont nous publions un extrait

- Vers l’autogestion ...Ou tout ce que vous avez toujours voulu
savoir sur le service public d’utilité sociale sans jamais oser le
demander) Pour bien comprendre la position des militants de la CNT par rapport à la défense des services publics, il est nécessaire de
commencer par un petit rappel historique, qui permet de mieux connaître leur origine et leur nature. En effet, la plupart des travailleurs,
en particulier ceux employés dans un service public, ont tendance à assimiler la notion de service public et la notion d’État et à considérer
que la gestion des services publics fait partie intégrante des fonctions essentielles de l’État. Or, il n’en est rien.
Par Boris

- Histoire : Le syndicalisme et l’État À l’heure où la
défense et l’apologie des services publics est devenue l’élément
incontournable de toute action syndicale et politique, se replonger
dans l’histoire du mouvement ouvrier et de ses rapports avec les services de l’État, n’est pas un détour inutile tant ce retour historique révèle bien des surprises...
Par Grégory Chambat


 Poème L’école, de Gaston Couté