Accueil > La revue > Mise en page de la Une > Vient de paraître > Apprendre tous ensemble !

Apprendre tous ensemble !

Le n° 18 vient de paraître, achetez le...

vendredi 9 mai 2008

Luttes pour la pédagogie et pédagogie des luttes

D’EN HAUT, des injonctions contradictoires : les difficultés scolaires sont censées être traitées sur le plan individuel (PPRE) et les enseignants sont sommés de travailler en équipe (notamment par ceux qui pratiquent l’inspection individuelle).
Toujours est-il que l’Éducation nationale n’a plus d’ambition collective, même celle, partiellement trompeuse et très discutable, de « l’ascenseur social ».
Le « chacun pour soi » ne se cache plus derrière des formules fleuries et l’individualisme est proclamé ; pour les uns, le kit de survie de la « découverte professionnelle », pour les autres, le choix du « bon établissement » et l’apprentissage
de la compétition, à coup d’Acadomia et autres répétiteurs. Quant aux enseignants, on ne va pas vers plus de cohésion avec l’idée – qui se précise – de salaire au mérite et la course aux heures sup’ dans le secondaire. Pour sortir de la déploration, pas d’autre piste à nos yeux que de la jouer collectif.

Seulement, attention : ce collectif, ce n’est pas le consensus mensonger d’autrefois, où la machine reproduisait tranquillement les inégalités, se contentant de transformer les fils de paysans et d’ouvriers en employés de bureau, derrière les fictions commodes de « la défense de la laïcité » et de la « défense du service public ».

Ce collectif, ce n’est pas non plus une proclamation pour (un) jour de grève, qui ferait disparaître d’un coup de baguette revendicatif les contradictions d’un milieu professionnel écartelé entre des appartenances multiples et des situations de toutes sortes.
Ce collectif ne peut advenir qu’au cours d’un processus où il est sans cesse en train de se constituer, et quelquefois de se défaire : c’est une école qui s’oppose vraiment à une fermeture de classe, un groupe d’élèves pour lequel et avec lequel les enseignants essayent réellement de « faire classe » au travers d’activités communes, de moments de vie de classe et d’incessants échanges (qui n’excluent pas l’aide individuelle) ; c’est un établissement qui essaie de travailler avec « le quartier », c’est-à-dire, concrètement, avec les autres écoles, les associations bénévoles de soutien scolaire ; ce serait une école qui trouverait une alliance avec ces parents des classes populaires qui d’ordinaire n’osent pas, ne savent pas (n’osent pas savoir ou croient ne pas savoir) et qui sont exclus avant leurs enfants.

Ce collectif, c’est celui qui est illustré par les articles de ce numéro, et dont on espère bien qu’il fasse mosaïque.
Le comité de rédaction.