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Antonio ou la résistance : De l’Espagne à la région toulousaine
mardi 18 octobre 2011, par
S’adressant à des enfants de 9 à 13 ans, dans une collection « Français d’ailleurs », et relu par une des spécialistes de l’émigration républicaine espagnole en France, Geneviève Dreyfus-Armand, l’ouvrage inspire le sérieux, confirmé par la qualité de la mise en page et de l’iconographie.
Le récit et l’illustration s’harmonisent impeccablement avec des touches significatives pour les jeunes lecteurs (le pays des droits de l’homme et l’accueil des réfugiés en camps de concentration, p. 21) ; l’impact de l’enfant qui dessine en classe parce qu’il s’ennuie ce qui révèle ses dons artistiques à l’instituteur et ceux de son père ; le sens du portrait pour rendre des états d’âme.
Les réactions du jeune Antonio, entre la frayeur et l’excitation, sont plausibles quand ses parents lui annoncent qu’il faut aider la résistance anti nazi pour défendre un idéal, ce qui veut dire donner un sens à son existence. Mais je crains que les lecteurs soient frustrés par la fin brusque de l’histoire suivie d’un dossier copieux.
Si le style du récit est proche des jeunes regards, le dossier est résolument « scolaire » et même faux quelquefois : les « républicains », la « droite » (p. 71). En effet, les « républicains » représentaient dans les faits – non pas dans les idées – la droite et la « droite » était un fascisme catholique (dont Pétain s’est visiblement inspiré). Un effort pour être accessible aux jeunes lecteurs aboutit en partie à la langue de bois (p. 72) « le camp républicain est divisé, entre le parti socialiste, le mouvement anarchiste – qui veut transformer en profondeur la société – et le parti communiste qui entretient des liens privilégiés avec l’URSS. » Peut-être. On serait exact et compréhensible en écrivant « le camp républicain est divisé entre le maintien des privilèges et des propriétés des riches (une partie des socialistes et le Parti communiste) et un changement en profondeur de la société (une autre partie des socialistes, le mouvement anarcho-syndicaliste et de nombreux travailleurs sans étiquette) ». Il demeure que le livre est une réussite et va certainement donner envie de connaître davantage le sujet.
(F. Mintz).
Antonio ou la résistance, de l’Espagne à la région toulousaine, Valentine Goby (texte) et Ronan Badel (ill.), Autrement jeunesse, 2011, 79 p., 14,50 €.